Imprimer Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tenais à saluer de nouveau le label Milady, éditeur qui s’est lancé dans ce pari fou : ressortir dans une nouvelle traduction intégrale certains romans qui, comme Dragonlance, ont marqué l’entrée du jeu de rôles Donjons & Dragons dans l’ère littéraire. En effet, Milady réédite, entre autres, en ce moment la trilogie des « Avatars » qui est l’équivalent des « Chroniques » pour Dragonlance, c’est à dire le fondement de l’univers des « Royaumes Oubliés ». Et ce n’est pas fini…

Il y a quinze ans, c’était Fleuve Noir, détenteur à l’époque des droits de commercialisation de ces romans inspirés par D&D, qui les publiait sous un format rapiécé et en poche !
Tentez donc d’imaginer ma réaction quand la nouvelle d’une réédition de cette collection d’ouvrages dans une mouture digne d’eux (grand format et texte intégral) m’est parvenue, moi qui les ai dévorés adolescent !

C’est donc avec fébrilité, espoir et méfiance que j’ai ouvert le premier tome : « Dragons d’un Crépuscule d’Automne »…

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D’abord, première chose : cette trilogie s’adresse aux futurs rôlistes qui évolueront dans cet univers de D&D, pour leur faire ressentir l’atmosphère romanesque, romantique et épique qu’ils devront avoir toujours à l’esprit en jouant. Sachant que la plupart des rôlistes découvrent le jeu vers treize ans, il était important que ces livres puissent leur être également accessibles. Et je ne vous cacherai pas que ce qui frappe en tout premier lieu à la lecture des « Chroniques » c’est le style « jeune-adulte ». C’est simple, si ce n’est simpliste !

Vous comprendrez donc que ma première réaction fut la déception. Mais je persévérais et m’habituais finalement à ce style d’écriture auquel je décidais de ne plus m’attarder pour m’intéresser uniquement à l’histoire proprement dite (intérêt purement rôlistique), et aux personnages, qui s’avéreront être l’intérêt primordial de toute la trilogie : les Compagnons de la Lance.

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Car c’est de leur épopée dont il est question avant tout ! Et c’est là que ce trouve toute la saveur du récit : au-delà de leur quête « générale » symbolisée par la guerre qui ravage le continent d’Ansalonie, ce sont leurs relations, leurs convictions évoluant au fil de l’aventure, leurs quêtes « personnelles » qui marquent le lecteur.

Tout commence, à l’instar de tout bon récit, conte ou chant de barde, dans une taverne, près de l’âtre, où six amis d’enfance se réunissent après être partis chacun de leur côté quelques années plus tôt, à la recherche de leurs origines, d’une raison d’être.
Mais quand ils se retrouvent enfin, ils reviennent avec plus d’interrogations que de réponses. Et avant même qu’ils n’aient le temps de se confier les uns aux autres, les voilà mêlés au plus grand péril que leur terre a connue depuis la « troisième guerre Draconique » il y a environ 1300 ans…

Nos amis, que nous appelons pour le moment « Compagnons de l’auberge du Dernier Refuge », rapport au nom de la taverne où ils s’étaient donné rendez-vous, s’engagent dans une aventure qui les mènera au cœur d’une guerre opposant des armées de monstres commandées par des chevaucheurs de dragons maléfiques face à tous les peuples encore libres et aptes à se battre.

Sans réellement s'en rendre compte, ils vont s'y impliquer plus qu'ils ne le veulent, avant finalement d'embrasser en toute connaissance de cause le conflit, qui battra son plein dans « Dragons d’une Nuit d’Hiver ».

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Cela ne surprendra personne, mais ce deuxième volet est un livre charnière, un livre étape où les révélations foisonnent.
L’on y apprend la vraie nature du Mal (je ne le vous dirai pas !), mais surtout, les personnages gagnent en profondeur et leur destinée se révèle peu à peu.

Séparés à la fin du premier tome, les Compagnons empruntent un chemin périlleux et douloureux : l’accomplissement de soi. La guerre les obligera à regarder au fond d’eux-mêmes, y affronter l’inconcevable : leur côté sombre et en tirer une force qui les rendra meilleurs, grandis.

C’est au cours de ces péripéties qu’ils exhumeront une arme légendaire, seule capable de vaincre leurs ennemis : la lancedragon. Dès lors, ils seront surnommés les Compagnons de la Lance.

La fin du tome 2 s’achève en apothéose de dévotion et de sacrifice. La bataille de la Tour du Grand Prêtre est une leçon tant en matière d’écriture qu’en démonstration de noblesse d’âme et de cœur qui laisse pantois et méditatif !
Cette bataille marquera le tournant de la guerre de la Lance…

Comme dans toute bonne trilogie, la troisième partie apporte son lot de réponses et de révélations finales. « Dragons d’une Aube de Printemps » ne déroge bien entendu pas à la règle.

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Ce serait spoiler que de vouloir en dire davantage sur ce volume. Tout ce qu’il est possible de dire est que l’on assiste à la fin de la guerre de la Lance, que les destinées s’accomplissent, pas forcément pour le bien de tous, et que les Compagnons finissent par se réunirent dans la paix. Mais la paix des nations pas celle de leur cœur et de leur âme.

En neuf mois, les Héros de la Lance, comme on les surnomme maintenant, auront traversé les pires épreuves qu’une femme ou un homme puisse subir et ils en garderont les stigmates pour le reste de leur vie. Ils auront connu l’amour et la trahison, la grandeur et la déchéance, le réconfort de l’amitié et la douleur de la perte. Même la saveur de la victoire sur le Mal leur est amère. Ils auront perdu tant d’illusions dans ce combat, qu’ils n’aspirent plus qu’à une chose : « rentrer à la maison ».
Honorer ceux qu’ils ont vu mourir et jouir de ce qu’il leur reste, sont leurs dernières volontés.

Mais le repos ne sera que de courte durée, puisque déjà se profile une nouvelle menace pour la terre même de Krynn, un défi bien plus grand encore se dressera devant nos Héros. Et ce danger est d’autant plus pernicieux, qu’il surgira de l’un d’entre eux : le Maître du Passé et du Présent, magicien de l’ordre des Robes Noires…

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A suivre, dans les « Légendes de Dragonlance »…