Inspiré de faits réels, « Walkyrie » retrace un épisode méconnu de la guerre : l’attentat manqué contre Adolf Hitler en juillet 1944, monté par un cercle de militaires et de politiciens allemands, excédés par le régime du III° Reich.

Christian_Berkel__Eddie_Izzard__Bill_Nighy__Tom_Cruise__Alan_Dale_et_Kenneth_Branagh.jpg La Résistance allemande...

Mais avant de parler du film en lui-même, je crois qu’un léger rappel historique s’impose.

« L'Opération Walkyrie était à l'origine un plan national d'urgence élaboré par Hitler lui-même pour protéger l'intégrité du gouvernement en cas d'émeute ou de tentative d'assassinat du Führer. Il s'agissait de faire appel aux réservistes pour qu'ils prennent le contrôle des infrastructures-clés de l'Etat jusqu'à ce que l'ordre soit rétabli. Les conspirateurs menés par Stauffenberg ont donc tenté de retourner cette stratégie à leur avantage. En modifiant secrètement ce plan minutieux, la résistance espérait pouvoir assassiner Hitler et reprendre le pouvoir aux nazis, avant de mettre en place leur propre gouvernement. »

Le_Comte_Claus_Schenk_von_Stauffenberg_et_Tom_Cruise__son_incarnation_a_l__ecran.jpg Stauffenberg et Cruise, curieuse ressemblance, non ?

Tom Cruise incarne donc le Comte Claus Schenk von Stauffenberg, colonel de la Wehrmacht. Nous le découvrons en 1943, commandant la 11° Panzerdivision en Tunisie, à la fin de la campagne d’Afrique du Nord. L’Afrika Korps est à l’agonie, pris en tenaille par les armées alliées britanniques et américaines menées par Patton.

Tom_Cruise1.jpg Cruise en Tunisie

Stauffenberg ne reconnaît plus la glorieuse armée allemande de ses débuts et refuse d’exécuter les ordres délirants venants de Berlin. Petit à petit, il commence à douter de son Führer et est dégoûté par les crimes de son bras armé : les SS.
Alors qu’il obtient de son général l’évacuation de ses hommes, une attaque alliée survient et il se retrouve gravement blessé. Rapatrié en Allemagne, le voilà privé de sa main droite, de l’annulaire et de l’auriculaire de la main gauche et de son œil gauche.
Après plusieurs mois de convalescence, il est affecté au Bendlerblock, le QG de l’armée nazie. C’est là qu’il sera approché par la Résistance allemande et en particulier par le général Henning von Tresckow.

Kenneth_Branagh.jpg Kenneth Branagh interprète le rôle du général von Tresckow

Très vite, Stauffenberg se place parmi les principaux opposants au régime nazi. Il va lui-même réécrire les modalités de « l’Opération Walkyrie » et la provoquer, en tentant d’assassiner Hitler.

Mais vous connaissez toutes et tous comment s’est terminée la guerre et comment Hitler s’est lui-même suicidé. Je ne déflorerai donc en rien l’intrigue en vous disant que l’opération a échoué…

C’est un film à voir, sans conteste, rien que pour la non-performance de Tom Cruise : monolithique et glacial d’un bout à l’autre, il ne laisse pratiquement aucune émotion transparaître via son visage.

Tom_Cruise4.jpg L’unique moue de Cruise pendant tout le film...

Les seconds rôles sont forts et brillamment interprétés. La reconstitution de Berlin en 1944 est bluffante, renforcée par le fait que toutes les scènes ont été tournées au véritable Bendlerblock. Ce qui, pour l’anecdote, n’a pas été une simple formalité : l’appartenance de Tom Cruise à l’Eglise de Scientologie à provoquer une vive polémique. Le Ministère allemand de la Défense ayant préalablement refusé l’accès au Bendlerblock à cause des croyances de l’acteur…

Tom_Cruise3.jpg Cruise au Bendlerblock

Film d’action mâtinée de guerre et d’espionnage, il tient en haleine du début à la fin. Sans temps mort, mis en scène par un Bryan Singer « habité » par son film on regrettera juste l’absence totale de psychologie. En effet, le personnage de Stauffenberg n’a aucune profondeur, on ne comprend pas vraiment les motivations de l’individu à sacrifier ses enfants, sa femme et sa propre vie pour son Allemagne « sacrée ».

Tom_Cruise_et_Carice_Van_Houten1.jpg Tom Cruise et Carice von Houten

Les moments d’introspections sont expédiés, Carice von Houten qui interprète avec justesse et gravité la comtesse Nina von Stauffenberg n’apparaît, au mieux que cinq minutes dans tout le métrage : ce n’est pas lui rendre honneur !
Les producteurs Christopher McQuarrie et Nathan Alexander justifie ce parti pris par le fait que malgré leurs recherches, la personnalité de Stauffenberg reste énigmatique et mystérieuse : « Il restera une figure énigmatique. Au fil des années, il a souvent été considéré comme un bouc émissaire, mais je pense qu'on doit surtout retenir ses actes et les risques qu'il a pris ».
Tout est dit : « Walkyrie » est la retranscription pur et simple des actes d’un homme persuadé de son bon droit, d’un militaire carriériste que rien ni personne n’aurait pu dévier de son but.
Folie, héroïsme ? Souvent les deux vont de pair…

Tom_Cruise_et_Carice_Van_Houten.jpg Stauffenberg en plein dilemme

Transcendé par une musique inspirée du toujours talentueux John Ottman, « Walkyrie » a le mérite, si ce n’est pas celui de faire dans la finesse, de prendre aux tripes, de nous scotcher jusqu’à la dernière image, et de nous faire pousser un « Waouh ! » bien sonné lorsque apparaît le générique !

Note : ***