"Dans L’Amour gourmand, ouvrage consacré au « libertinage gastronomique du XVIIIe siècle », Serge Safran évoque « le carcan du couple » : piège mortel, dit-il. Au début, on trouve si doux de tomber amoureux d’une femme, éventuellement de se lier par contrat, de faire des enfants avec elle, de « goûter aux délicieuses prémices de la si bien nommée cellule familiale ». Elle aussi, tout d’abord, trouve cela merveilleux. Mais gare à ceux et celles qui se sont mariés en dissimulant leurs fantasmes. Ne se sont-ils pas condamnés à mort ? Ce qu’exprime Serge Safran, avec beaucoup de lyrisme : « Ne pouvoir se livrer aux épanchements de tendresse ou aux échanges spirituels entraîne pour beaucoup – cela est avéré – d’immenses détresses affectives. Certes. Mais ne pas satisfaire ses passions sexuelles, auxquelles ils sont inévitablement liés, reste la pire chose qui soit. Confine à l’effarante solitude, l’ennui à petit feu, la mort lente avant le bout du chemin, parfois même au désir d’en finir. D’où l’obsession vitale d’écouter en priorité ses instincts et de les mieux flatter, chez soi comme chez l’autre, pour parvenir à ses fins. »"

Crédits : blog d'Agnès Giard, les 400 culs.

L'Amour Gourmand, « libertinage gastronomique du XVIIIe siècle », de Serge Safran, coll. L'attrape-corps, éd La Musardine