Marek Halter, je ne l'ai que très peu lu, pourtant sa bibliographie est riche : plus d'une vingtaine d'ouvrage, tournant quasi uniquement autour de l'Hébraïsme et du Judaïsme.
Non, Marek Halter je l'ai découvert en 2003 avec sa "Bible au Féminin", une trilogie où il revisite l'Ancien Testament depuis le point de vue de trois femmes qui ont aidé à forger l'histoire du Judaïsme et du Christianisme : "Sarah", "Tsippora" er "Lilah".
Cette trilogie, j'aime la compléter avec "Marie", où l'on assiste aux péripéties de la mère de Jésus dans un Israël occupé par les Romains.

Après ces incursions réussies dans les vies de ces figures bibliques mésestimées, Halter s'attaque maintenant à la légendaire reine de Saba.

La_Reine_de_Saba3.bmp Makéda, la reine de Saba

Mon avis est qu'il aurait du s'abstenir...
Non pas que l'oeuvre en soi est mauvaise, Halter sait écrire, jouer avec les mots, rendre vivants ses personnages, mais sa description de la reine de Saba n'est pas crédible pour un sous : il en fait trop ! Trop de fois il nous rapelle qu'elle est noire. Sa beauté et son intelligence sont littéralement surhumaines. Quant à sa sagesse, je n'ose même pas en parler, tellement c'est surréaliste...

Ce qui m'avait intrigué au départ, en lisant la quatrième de couverture, c'est la relation aussi brève qu'intense que Makéda, la reine de Saba, aurait eu avec le roi Salomon et qui, selon la Bible, aurait "accouché" du célèbre Cantique des Cantiques. S'appuyant sur les résultats de fouilles archéologiques récentes en Ethiopie, Halter nous promettait de redonner "tout son éclat et son intérêt historique" non seulement à la reine de Saba mais aussi à l'"expression poético-érotique" du Cantique des Cantiques.

le_roi_salomon1.jpg Salomon, le roi de Juda et Israël

Mais il faudra attendre la page 257 pour voir les deux régents enfin réunis ! Car avant, nous avons droit à l'enfance, l'adolescence et l'accession au trône de Makéda. Et Halter expédie ni plus ni moins leur rencontre, leur "bataille" qui "fut celle de l'amour et de l'intelligence mêlés" en même pas 50 pages... Un comble ! Tout ça pour ça ? oserai-je dire !
D'autant plus qu'après plus de 250 pages à célébrer l'intelligence, la ruse et la sagesse hors normes de Makéda, Halter la rabaisse à ce moment-là au point qu'on ne la reconnaît plus, dépassée par le charisme et la grandeur d'un Salomon à qui rien ni personne ne résiste.

Leur bataille intellectuelle se résume à un simple jeu d'énigmes que, bien-sûr, Salomon remporte haut la main et au terme duquel, Makéda se donne à lui pendant trois nuits et deux jours et épouse sa religion : le Judaïsme...

Et de cette union naquît Ménélik, "Fils du Roi", premier d'une longue lignée de rois africains.

Grande fut ma déception en lisant les dernières pages, bâclées, de ce roman qui se veut une exégèse d'un passage de la Bible si mystérieux mais d'une intensité poétique et érotique encore si forte de nos jours. Dernières pages qui font s'effondrer toute la mythologie et la force d'une reine telle qu'elle est décrite dans les premières ; s'effondrer la portée évocatrice d'une fresque historique et amoureuse.

Dommage...